Mise en berne
[Samedi dernier, j’étais en train d’écrire cette note, ni
triste, ni gaie, mais tout simplement vraie ; je me penchais enfin un peu sur moi, quand le monde m’est tombé
dessus. Tout s’est interrompu à 9h30. La mort, la voilà au rendez-vous, la sinistre.
Cette fois-ci, elle a fauché très, très proche de moi.
La perte
est douloureuse, mais naturelle…
Je n’aime pas cette sorte de nature.
Doucement, je reviendrai ici, quand j’aurai repris des forces…]
***
< Ma démarche
chaloupée attire souvent l’attention de ceux que je ne connais pas ou qui font
semblant de m’ignorer. Il m’arrive parfois d’observer des doigts qui pointent
et des têtes qui se détournent ou pire encore, qui se retournent pour vérifier « la chose ». M’isoler, fuir, me blinder, ou renvoyer en coups de poing,
les regards qu’on m’adresse…
Pour quoi faire ?
Aglodicée >>
Ce mot ancien cache derrière lui un défi et une ressource, tout à la fois. Il désigne la connaissance à travers la souffrance ; la connaissance par la souffrance. Je n’ai pas lu E-M. Cioran, mais je connais l'éclairage d'une de ses réflexions qui me convient pour l’instant, parfaitement :
"La souffrance ouvre les yeux, aide à voir les choses qu'on n'aurait pas perçues autrement. Elle n'est donc utile qu'à la connaissance, et hors de là, ne sert qu'à envenimer l'existence."
Mais bien sûr, ce processus est difficile et redoutable. L’aglodicée exige de se battre contre la souffrance en même temps que de se bâtir avec elle. En soi, elle demande de tirer profit de tout ! Voilà qui change radicalement son rapport au monde. Car quand la souffrance morale, physique arrive, elle s’impose sans jamais permettre d’en faire l’impasse. Qu’elle soit ma compagne ou mon adversaire, elle reste fidèle et se ravive.
Et en parler ainsi ne va pas sans crainte et sans tremblement. S’il suffisait de tout mettre en œuvre pour rendre fructueux un moment douloureux et composer avec cette visiteuse si insidieuse, tellement elle rétrécit la vie…
Pourtant, peu à peu, je découvre l’audace de devenir légère, pour ne pas abdiquer face aux blessures de l’existence. « Qui adopte la légèreté accepte le sort après avoir tout tenté pour éradiquer son ombre ». Je pressens que d’agir ainsi, c’est donner accès à la réalité, contre ce qui aigrit, isole et enferme dans la révolte.
La rencontre
avec l'autre, avec les autres m'est tout aussi précieuse, parce
que....//.
Commentaires sur Mise en berne
