Louves
Un duel.
Elles roulent les cailloux en bas des sept collines de la ville, dansent le mambo, chevauchent les astres, sortent des eaux de leurs fontaines et d’un claquement de doigts font se pétrifier les passants sur le blanc de la chaussée comme de grands oiseaux. Toutes deux sont gardiennes d’un feu continuel à qui l’on offre aucun sacrifice, mais qu’on contemple.
Après m’être laissée griser par ces divinités, je m’évanouie d’un coup
quand leurs voix me hurlent dans les oreilles. Ce n’est qu’un prélude à la
gifle qui me sera donnée. Les mains sur les hanches,
la tête basculée en arrière, elles rient aux éclats, me poussant dans un grand
escalier, aux marches inégales. Abandonnée lâchement dans l’agglomération, je
m’enfonce dans les dédales meurtrière des voies romaines. J’évite les amas de
ferrailles roulants qui me prennent pour de la chaire fraîche, quitte l’arène
pour retrouver les jardins et là, je tombe
nez à nez devant d’étranges statues, taillées de main de maîtres. Des marbres, sans tête et sans socle :
des ministres proches d’un pouvoir portant la chemise noire que les foulards
rouges, la Marguerite à l'oreille, ont dû décapiter.
Le lancement de pavés arrachés au sol d’une
abattoir aurait peu à peu libérer de
leur gangues ces édifices précaires.
Comme un osso buco.